14/04/2010

Le lâché solo !

Bonsoir,

Le grand jour dans la vie d'un pilote d'aéroclub est enfin arrivé pour moi ce jour-là.
Le jour tant attendu, souvent avec enthousiasme mais rarement avec appréhension fût arrivé le Dimanche 14 Mars 2010, une date que je n'oublierai certainement pas.

C'est ainsi que je souhaitais revenir sur cette journée mémorable dans tous les sens du terme.


Dimanche 14 Mars 2010, il est 10h.
Je me lève avec sourire et gaieté pour aller une nouvelle fois profiter de cette journée en allant voler à l'aéroclub Hispano de Cergy Pontoise situé à environ 30km de chez moi. Ce jour est d'autant plus agréable que la semaine fût assez fatigante, notamment à cause des oraux de Français qui approchaient.
Côté ciel, le temps n'est pas glorieux. Le plafond nuageux commence à se lever doucement et les rayons de soleils font de timides apparitions. Peu importe le temps, l'impatience commence à monter.
Nous sommes en route pour l'aéroclub ( mes parents et moi ) où le vol prévu avec mon instructeur est prévu à 12h.

Il est un peu plus de 11h30 lorsque nous arrivons sur le terrain de Pontoise LFPT. Nous avons un peu d'avance, ce qui me permet de parler à plusieurs personnes en attendant que mon FI revienne de son vol précédant.
Au programme : quelques tours de piste et des exercices de simulations de panne moteur, avec des prises de terrain par encadrement ( PTE ). Quelques vols auparavant, nous avions effectué des études de cas de décrochages lors de différentes phases vol et configurations.
Mon instructeur arrive, je le salue, et il me demande d'inscrire mon vol au départ en me précisant que l'avion choisi est le Cessna 150 F-BUBS. C'est la première fois que je vole sur cet avion. D'habitude, nous volons sur le F-GRDR. Mais mon instructeur préfère prendre celui-ci et mettre de côté le F-DR qui à son goût est un peu "faiblard" et met un peu trop de temps à chauffer.



Je prends donc l'ATIS qui nous offre je crois des nuages épars à environ 2000ft QNH et un ciel couvert à 3500ft. Le vent est plutôt calme, environ 10 kts, et nous oblige de décoller piste 30 puis de faire le circuit adapté sur lequel je n'ai jamais volé. Les départs omnidirectionnels se font tous de cette piste.

Arrivé à l'avion, le F-BS, que je découvre pour la première fois, je dépose tout mon bordel ( mon carnet de vol, ma planchette, et des livres ) à l'arrière. Je débloque les commandes de l’appareil et enlève le cache-pitot, avant d'effectuer les différentes purges et de vérifier la quantité d'essence utilisable.
Une fois la prévol effectuée, je prends place à bord de l'appareil. Premières impressions : le siège est situé plus haut que dans le F-GRDR. Les repères visuels en sont un peu changés, ce qui nécessitera un ajustement en vol.

J'effectue les messages radios à bord après que mon FI soit installé.
"Pontoise tour, du F-BS, bonjour"
"F-BS bonjour"

"Pontoise tour, du Cessna 150 F-BUBS au parking Hispano, demande roulage pour quelques tours de piste avec l'information Bravo"
"F-BS, roulez point d'arrêt piste 30 via le taxiway D"

"Je roule point d'arrêt piste 30 via le taxiway D, F-BS".


C'est parti !
Lors du roulage, mon instructeur me lance un traditionnel "Tu as la frite aujourd'hui ?" :)
Tout allait bien, la fatigue avait laissé place à la concentration.
Arrivé au point d'arrêt, j'effectue les essais moteur, les actions vitales avant décollage, ainsi que le briefing sécurité.

" F-BS, alignez-vous piste 30 et autorisé décollage, vent du xxx° 10kts"

Je m'aligne sur la piste 30, vérifie que le phare et le beacon sont allumés, puis décolle.
Le circuit étant plus court que celui de la piste 05/23, tout va beaucoup plus vite. Une fois à 700ft sol, j'effectue un virage à droite au cap 030°, puis m'aligne en vent arrière. Réchauffe carburateur tirée puis gaz 2200 trs/minutes, nous sommes déjà en fin de vent arrière. Message radio effectué et volets sortis de 10°, je commence à descendre doucement, tourne en étape de base, puis en finale pour un touché piste 30.

" F-BS, autorisé touché piste 30, vent du xxx° 10kts, rappelez en début de vent arrière" " Autorisé touché piste 30, je rappelle en début de vent arrière F-BS"

Une fois les volets sortis de 20°, je passe au-dessus du seuil de piste et commence à réduire les gaz.
J'arrondis doucement l'appareil, puis touche les plots de la piste 30 qui fait 1650 mètres.
J'effectue un deuxième tour piste pendant lequel je dois faire comme si mon instructeur n'était pas là. Je prends soin de passer derrière le village de Frémécourt pendant le 1e virage, puis devant Génicourt en étape de base où le survol n'est pas très toléré.
Je m'aligne en étape finale dans la bonne configuration, avec un plan et un axe corrects, et c'est à ce moment si que mon instructeur annonce " C'est pour un complet, F-BS".

A ce moment, mon FI me dit qu'il souhaite que je le dépose à la pompe. Mais des questions que je juge plutôt insistantes me troublent :
"Alors, c'est bon ce circuit ?"
"Te rappelles-tu de ce que tu dois faire en cas de panne moteur ?"
"Que dois-tu faire en cas de remise de gaz ?".

Alors que je m'aligne près de la pompe et qu'il descend, mon instructeur m'annonce :
"Alors maintenant tu va repartir pour quelques tours de piste !".
Un sourire laissant témoigner quelques interrogations apparaît, puis laisse place à de l'assurance et de la sérénité. Quelques doutes persistaient concernant le vol solo et les taxiways à prendre après s'être posé. Il prit le temps de m'expliquer tout cela, puis je lui demandais d'aller prévenir mon père pour qu'il prenne quelques photos de cet instant extraordinaire et passionnant. D'ailleurs, heureusement que j'ai pensé à ramener mon appareil photo ce jour-ci !
Mon instructeur me signala "Indiques bien qu'il s'agit d'un lâché solo au contrôleur et le nombre de tours de piste". Etant donné que j'avais le temps, je choisis d'effectuer 3 tours de piste au préalable des 2 que souhaitais mon FI.
Avant de partir aller voler pour la première fois, il me prévint que le Cessna 150 devrait certainement monter plus rapidement sans lui.

Je prend sur moi, souffle et me rassure en me disant qu’il suffit de faire comme s’il était à côté de moi, sauf que ce coup-ci, en cas de problème, l’instructeur ne « prendrait [pas] les commandes » comme signalé dans le briefing sécurité.
Et puis ça y est ! Mon instructeur sort de l’avion après m’avoir dit : « Amuses-toi bien », comme s’il s’agissait d’une formalité, puis s’en va, certainement dans la tour de contrôle me dis-je. Je m’annonce à la radio :
« F-BS, à la pompe Hispano, demande roulage pour 3 tours de piste toujours avec l’information Bravo, et je signale que c'est pour un lâché solo»
. La fameuse phrase est prononcée : le jour tant attendu pour un pilote est arrivé.
« F-BS, reçu roulez point d’arrêt D piste 30 ».

Je roule doucement au point d’arrêt D piste 30 en pensant à ce qui va suivre. Je repense au circuit et aux repères visuels qui me guideront lors de ce premier vol en solo. Une fois arrivé au point d’arrêt D, je me place face au vent pour commencer les essais moteur. Mon FI qui me surveillait de la tour de contrôle me dira plus tard que j’avais un peu « mordu » l’entrée de piste. On mettra ça sur le coup de l’émotion ! J’effectue avec précision la checklist associée aux essais moteur en prononçant à voix haute les différentes lignes qui la composent, ce qui me rassura.

« F-BS, prêt au point d’arrêt D piste 30 »
«
F-BS, roulez depuis le point d’arrêt D et alignez-vous piste 30, autorisé décollage, vent du xxx° 10kts »
« Depuis le taxiway D, je m’aligne et prend mon envol piste 30, F-BS ».


( Photo prise depuis la tour de contrôle, merci aux contrôleurs )



Je m’aligne, vérifie quelques paramètres et pousse sur la manette de gaz de mon C150.
Anémomètre : « Actif ! », puissance disponible : « 2450 trs/minute », pas d’alarmes, « je poursuis le décollage ».
L’avion prend plus rapidement de la vitesse, « 50kts », « 55kts » et « Rotation ! ». Je tire doucement sur le manche et mon C150 F-BS décolle aussitôt, impatient de décoller. La première étape de cette aventure est passée. Je viens de décoller pour la première fois en solo.
Je reste concentré sur la trajectoire de l’avion afin de bien respecter les limites du circuit. A 300ft sol, je rentre les volets.

Après avoir stabilisé l’avion à 1000ft QNH et l’avoir compensé, je commence mon virage à droite au cap 030°.En réalité, je pris un cap un peu plus faible pour contrer l’effet du vent qui venait de la gauche. L’étape de vent traversier étant courte, je vérifie quelques secondes plus tard s’il n’y a pas de trafic avant de tourner à droite au cap 120°. Le village de Frémécourt fût bien passé à gauche de mon appareil, il n’y avait pas de soucis.
Je continue mon circuit en vent arrière en étant concentré. Je suis bien à 1000ft, le petit bois est bien en vue, tout va bien. Profitant de ce que je suis en train de faire, le sourire ne me quitte pas de la bouche. J’annonce à la radio « F-BS, en début de vent arrière pour un touché piste 30 ». Je suis autorisé à atterrir piste 30 puis, une fois au milieu de cette vent arrière, je tire la réchauffe carburateur et affiche 2200 trs/minute. Comme prévu, la vitesse de mon Cessna entre dans l’arc blanc, et je le cabre un peu pour rester en palier. Il est temps de sortir les volets 10°. Avant de tourner en étape de base au cap 210°, je commence à prendre une légère assiette à piquer puis réduis les gaz. L’avion descend doucement avec une vitesse correcte.

« Sécurité à droite, je tourne au 300° pour m’aligner en finale ! ».
La deuxième grande étape arrive : faire atterrir ce Cessna 150 en solo.
J’ai l’axe et le plan. Les paramètres sont corrects, et il n’y a pas de trafic en vue. Mon instructeur avait pris soin de choisir une journée où peu de pilotes avaient décidé de voler.


J’arrive au seuil de la piste 30 après avoir sorti les volets 20° et commence à réduire complètement les gaz. Je cabre le F-BS, arrondi doucement, l’avertisseur de décrochage retenti, puis je touche assez doucement. Le premier atterrissage en solo est réussi, d’une belle façon de plus.
« Volets 10°, réchauffe carburateur poussée, puis pleins gaz » et je repars avec joie.






2 autres tours de piste se succédèrent, ponctués de 2 atterrissages corrects.
« F-BS, remontez la piste 30 puis la piste 23, et roulez au hangar Hispano via le taxiway B ».
En remontant le taxiway B, le sourire ne me quitta plus. Une sensation de « Quelque chose d’extraordinaire a été fait » m’envahit. Le moment tant « exceptionnel pour un pilote », comme on dit, est passé. Je m’en aperçu seulement en soirée.





En rentrant à l’aéroclub après avoir remercier généreusement mon instructeur et mes parents, sans qui cela n’aurait pas été possible, je rentra dans la colonne « Commandant de bord » de mon carnet de vol, les 38 minutes de mon premier vol en solo.

J’en eus du mal à dormir la soirée suivante.

2 commentaires:

  1. Félicitations Arnaud ! Tu verras, tu te souviendras très longtemps de ce vol ! :-)

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  2. Merci ! :)
    Oui, on dit souvent qu'il s'agit du plus beau moment pour un pilote.

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